En tant que discipline liée à la santé des individus et à leur épanouissement social, l’orthophonie est en constante évolution. En effet, nous n’abordons pas les interventions auprès des patients de la même façon qu’il y a 10 ans, puisque les connaissances scientifiques sur le langage, la parole et la communication évoluent sans cesse. De plus, les approches thérapeutiques tendent à migrer de plus en plus vers l’acception des différences de certaines personnes. De ce fait, la neurodiversité est un terme dont on entend de plus en plus parler et qui fait partie de nos valeurs au Centre Mosaïque. Découvrez comment l’affirmation de la neurodiversité guide nos interventions auprès de certaines clientèles.
Qu’est-ce que la neurodiversité ?
La neurodiversité est un concept qui reconnaît et célèbre la diversité naturelle des cerveaux et des modes de fonctionnement cognitif. Contrairement à la perspective traditionnelle considérant certains types de cerveaux comme « normaux » et d’autres comme « anormaux », la neurodiversité soutient que les différences neurologiques sont des variations naturelles de la biologie humaine plutôt que des pathologies à corriger. Ce concept est central lors de nos interventions auprès des personnes qui vivent avec l’autisme, un TDAH, un trouble d’apprentissage spécifique du langage écrit (dyslexie), entre autres.
Pour obtenir une définition plus complète de la neurodiversité, consultez cet autre article sur notre blogue.
Les applications en orthophonie
En orthophonie, le concept de neurodiversité peut être appliqué de plusieurs manières.
Une approche centrée sur la personne
Plutôt que de considérer la condition d’un patient comme une déficience à corriger, nous adoptons une approche centrée sur la personne, en reconnaissant les forces, les intérêts et les besoins individuels de chacun. Cela peut aider à développer des plans de traitement personnalisés qui valorisent les compétences de la personne et visent à améliorer leur qualité de vie dans des contextes qui leur sont importants.
Modification vers un langage affirmatif de la neurodiversité
Il est important de considérer l’impact que notre choix de mots peut avoir lors des interactions avec les personnes vivant avec une condition neurologique. Il faut mettre de côté les termes issus du capacitisme, qui désignent les conditions de ces personnes comme étant négatives. Par exemple :
- On parle d’une « condition » plutôt que d’un « trouble » ;
- On utilise des termes qui mettent la personne de l’avant, plutôt que sa condition, par exemple « personne vivant avec l’autisme » à la place de « personne autiste » ;
- On parle de « thérapie » plutôt que de « traitement », puisque ce dernier terme laisse sous-entendre qu’un problème doit être réglé.
Le langage affirmatif de la neurodiversité est important autant lors des communications avec les patients eux-mêmes qu’avec leur entourage, mais également lorsque nous réalisons des rapports écrits.
Acceptation et valorisation des différences en communication sociale
La communication sociale concerne les aspects pragmatiques de la communication, comme le style de discours, le langage non verbal, la façon dont on considère l’interlocuteur, etc.
En ce sens, en matière d’affirmation de la neurodiversité, on ne cherche pas à « normaliser » les aspects sociaux de la communication chez une personne vivant avec une condition spécifique, dans le but qu’ils correspondent à une norme établie. Les orthophonistes vont plutôt travailler pour comprendre et valoriser la manière unique dont chaque personne communique.
Par exemple, si on travaille avec une personne vivant avec l’autisme qui a tendance à éviter les contacts visuels, on ne va pas forcer ces derniers. Il ne faut pas chercher à améliorer les aptitudes de la personne en communication sociale selon la perception de la neuronormativité. Au contraire, on cherche plutôt à définir ce qui mène à ces comportements et à intégrer ceux-ci lors des thérapies, plutôt que de les effacer.
Éviter d’encourager le « camouflage » des comportements ou des intérêts
Dans la société, à cause du capacitisme qui est bien ancré dans nos perceptions, nous avons tendance à encourager les personnes vivant avec une condition comme l’autisme à camoufler certains de leurs comportements ou leurs intérêts. On vise ainsi à les faire rentrer dans le « moule » de la neuronormativité.
Cependant, on sait que le fait d’inciter une personne à cacher ses traits ou intérêts peut mener à de l’anxiété ou une dépression, et à une perte identitaire. Ainsi, nous cherchons plutôt à comprendre les traits de comportements d’une personne et à déterminer comment nous pouvons naviguer à travers ceux-ci lors des thérapies. L’objectif est donc de permettre à la personne de fonctionner au quotidien sans avoir à camoufler ses intérêts ou les traits propres à sa façon d’entrer en relation avec les autres.
Il est important, en tant qu’orthophoniste, de chercher à comprendre ces traits et à les intégrer de façon positive aux activités thérapeutiques. Cela peut concerner des modes de communication pragmatique, comme nous en avons parlé précédemment de cet article. Il peut aussi s’agir de cultiver les intérêts marqués d’un patient pour certains aspects de sa vie et de son quotidien, plutôt que de les mettre de côté et de les effacer.
Éducation et sensibilisation à la neurodiversité
Finalement, en tant qu’orthophonistes, nous pouvons jouer un rôle important dans l’éducation des clients et de leurs familles, mais aussi de la société en général, au sujet de la neurodiversité. En fournissant des informations précises et en démystifiant les stéréotypes et les idées reçues sur les troubles de communication, on vise à promouvoir une meilleure compréhension des différences neurologiques et leur acceptation.
En résumé, l’approche de la neurodiversité en orthophonie met l’accent sur l’acceptation, la valorisation et la célébration des différences neurologiques. Cela se fait en travaillant à soutenir les personnes dans le développement de leurs compétences en communication et dans l’atteinte de leurs objectifs personnels.