Aujourd’hui sur notre blogue, nous allons explorer un sujet important, mais méconnu : l’aphasie primaire progressive (APP). Souvent confondue avec la maladie d’Alzheimer en raison de certains symptômes similaires, l’APP est en réalité un groupe de troubles du langage qui se développent lentement et progressivement. Au cours de cette lecture, nous vous présenterons les différents types d’APP, ainsi que leurs caractéristiques distinctives. En tant qu’orthophonistes, nous sommes ravies de partager nos connaissances et de sensibiliser davantage sur cette condition souvent négligée.
Qu’est-ce que l’aphasie primaire progressive ?
L’APP est une forme de trouble neurodégénératif affectant les fonctions cognitives et entrainant une diminution progressive des capacités langagières. Les examens médicaux permettent généralement de déceler des lésions ou des atteintes dans les régions cérébrales qui sont responsables du langage. Différents aspects peuvent être affectés, par exemple la connaissance et le choix des mots, la syntaxe, ou alors l’élocution.
Il faut comprendre qu’il s’agit de conditions évolutives, qui apparaissent généralement entre 55 et 65 ans. Les changements qui se manifestent au niveau de langage et de la communication peuvent d’abord être très subtils, mais ils sont susceptibles d’évoluer et d’entrainer de difficultés très concrètes, voire une incapacité à communiquer.
Les 3 types d’APP
Il existe trois grands types d’aphasie primaire progressive (APP) : l’APP non-fluente/agrammatique, l’APP logopénique et l’APP sémantique.
L’APP non-fluente/agrammatique
Ce type se caractérise par des erreurs de grammaire et de syntaxe dans le langage, ce qui peut conduire à un discours télégraphique, soit qui est abrégé au minimum. Les personnes atteintes peuvent également avoir des difficultés à produire les sons de la parole correctement. Elles peuvent présenter des difficultés à comprendre des phrases complexes, mais leur compréhension des mots et leur connaissance des objets restent préservées.
L’APP logopénique
Elle est souvent associée à des difficultés à trouver les mots lors d’une conversation. Les personnes atteintes peuvent éprouver des problèmes d’anomie, c’est-à-dire qu’elles ont du mal à trouver des mots précis au moment voulu. Elles peuvent également rencontrer des difficultés lors de la répétition de phrases longues et complexes. Leur compréhension des mots simples et des objets est généralement préservée, et typiquement elles ne présentent pas de troubles moteurs de la parole ou d’agrammatisme (problèmes avec la syntaxe ou la grammaire dans la construction des phrases). Cette forme d’APP est souvent une conséquence de la maladie d’Alzheimer, mais pas toujours.
L’APP sémantique
Cette forme se caractérise par une perte du sens des mots et des connaissances générales verbales. Les personnes atteintes peuvent avoir des difficultés à trouver les mots précis lors de tâches structurées, telles que la dénomination d’images. Elles peuvent également présenter des troubles de la compréhension des mots. Leur connaissance des objets peut être altérée, en particulier pour les articles auxquels on est moins souvent exposés. La répétition reste généralement préservée, tout comme les aspects moteurs et syntaxiques de la production du langage et de la parole.
L’importance d’une prise en charge personnalisée de l’aphasie primaire progressive
Une prise en charge rapide est importante et peut faire une grande différence sur les conséquences de l’APP dans le quotidien de la personne atteinte. De façon générale, celle-ci exige l’implication de différents professionnels, dont les neurologues et orthophonistes. La réadaptation en orthophonie vise notamment à préserver la participation sociale, ce qui est souvent un défi pour les personnes qui font face à des difficultés langagières à cause d’une APP.
Effectivement, dans le cas des difficultés causées par l’APP, on a tendance à observer des modifications de comportement. Concrètement, ça peut entrainer de l’anxiété, la tristesse et la dépression, l’apathie généralisée (perte d’intérêts pour les activités du quotidien), un manque d’empathie envers les autres, des comportements inadéquats en public, des comportements obsessifs compulsifs (surtout pour les activités réalisées en solo), etc.
Une prise en charge réalisée dès l’apparition du trouble et adaptée aux besoins spécifiques de chaque personne permet de ralentir la diminution des aptitudes langagières. Ça aide aussi à prévenir le déclin d’autres fonctions cognitives, qui risque de survenir dans des stades plus avancés des APP. Pensons ici à la mémoire ou aux aptitudes en mathématiques.
Que faire en cas de doute ou d’inquiétude ?
On recommande de prendre des notes afin de documenter les changements observés chez la personne, autant du point de vue langagier que comportemental. La première chose à faire en cas de doute, c’est de consulter le médecin traitant, afin de discuter des observations. Le dépistage cognitif, différents tests (telle l’IRM) et/ou des prises de sang peuvent être prescrits pour éliminer d’autres causes. Par la suite, on reçoit généralement une référence en neurologie. Consulter un spécialiste permet de préciser le type d’APP.
Aussi, comme nous l’avons mentionné, l’évaluation en orthophonie est nécessaire. Experte du langage et de la communication, l’orthophoniste peut aider à préciser le type d’APP et à comprendre clairement ses effets sur les aptitudes de la personne, et leurs impacts dans son quotidien. Les premières manifestations d’un trouble neurodégénératif affectent souvent le langage et l’évaluation orthophonique peut contribuer à l’établissement du diagnostic par un médecin. De cette façon, une réadaptation entièrement personnalisée peut être recommandée, impliquant des séances avec la professionnelle ainsi que des exercices ciblés.
Pour toute question supplémentaire ou pour une évaluation orthophonique, contactez notre équipe, quelle que soit la nature de vos besoins ou de ceux d’un proche ou d’un membre de votre famille. Nos orthophonistes de Québec sont là pour vous.
Approuvé par Geneviève Fily-Paré