Pour l’acceptation de l’autisme

Le 8 juin est la journée de la fierté pour l'autisme

À l’approche de la Journée internationale de la fierté autiste (Autism Pride), qui se tient le 18 juin prochain, nous souhaitions partager avec vous notre vision, qui guide nos interventions en orthophonie auprès des personnes autistes ou qui vivent avec un TSA (trouble du spectre de l’autisme). Nous cherchons en effet à bien les outiller, en valorisant leurs différences plutôt que de chercher à traiter ces dernières, à les effacer.

Sensibilisation ou Acceptation : un modèle qui est à revoir 

Depuis plusieurs années, on souligne en avril le Mois de l’autisme. Des campagnes sont alors réalisées un peu partout afin de sensibiliser la population aux réalités que vivent les personnes autistes. Or, on remet de plus en plus en question ce modèle qui mise sur la sensibilisation, puisqu’il met la pathologie de ces personnes de l’avant, opposant ainsi les « neurotypiques » à ceux qui vivent avec l’autisme. Selon ce modèle, un TSA doit être traité pour faire entrer les personnes autistes dans le moule de la normalité neurologique.

Plus récemment, ce mouvement de sensibilisation fait place à celui d’acceptation de l’autisme, lequel est aligné au concept de neurodiversité dont on entend de plus en plus parler. La sensibilisation demeure importante pour éduquer la population et lui permettre de comprendre, dans une certaine mesure, la réalité des personnes qui ont un TSA. Mais, sensibilisation ne veut pas dire acceptation. On doit se départir de l’idée selon laquelle ces personnes doivent être traitées.

En effet, il faut comprendre que chercher à modifier les comportements des personnes qui ont un TSA, pour les remplacer par des comportements « normaux » aux yeux des neurotypiques, ça relève du capacitisme (ableism en anglais). Ce terme fait référence à des attitudes au sein de la société, qui entrainent une dévalorisation des personnes vivant avec un handicap et qui limitent leur potentiel d’épanouissement dans plusieurs sphères de leur vie (travail, amitié, vie amoureuse, etc.). Ces attitudes font en sorte qu’en cas de comportements qui sont vus comme dérangeants, les personnes autistes font face à un rejet de la part de leurs paires neurotypiques. Cette vision exacerbe les difficultés rencontrées par les personnes autistes. Ces difficultés pourraient être considérablement réduites si on avait une meilleure compréhension et une meilleure acceptation de leurs différences neurologiques et des comportements qui en découlent.

Que pouvons-nous faire pour réduire les préjugés auxquels font face les personnes autistes ?

Il faut arrêter de voir l’autisme et les autres TSA comme un trouble ou une condition, ce qui s’avère dégradant. Ça place en quelque sorte les personnes neurotypiques sur un piédestal par rapport aux personnes neuroatypiques.

Les interactions avec une personne autiste, perçues comme négatives par une personne neurotypique, découlent la majorité du temps des préjugés et du manque de connaissance face à l’autisme. Or, ce manque de connaissance de leur réalité ne peut être totalement comblé par de la documentation et des ressources informatives sur l’autisme, qui sont presque toujours préparées par des personnes neurotypiques, selon leur point de vue. Il est important de donner une voix aux personnes autistes afin de leur permettre de partager aux autres leur perspective et leur vision de leur réalité. Bien souvent, on se rend alors compte que les personnes autistes ne considèrent pas du tout leurs différences comme des aspects à traiter. C’est une partie de leur réalité, avec laquelle ils composent jour après jour, que les personnes neurotypiques doivent apprendre à accepter.

C’est par cette acception que nous arriverons à établir des contacts positifs et sains entre les personnes autistes (neuroatypiques) et les personnes neurotypiques. Pour ce faire, ces dernières doivent mettre de côté leurs préjugés et leurs propres conceptions de la réalité des personnes qui ont un TSA.

Une vision qui guide nos interventions en orthophonie

Au Centre Mosaïque, lors de nos interventions avec les personnes autistes, nous visons à mieux les outiller, à la lumière de leur réalité plutôt qu’à chercher à éliminer les comportements qui sont moins fonctionnels. Nous pouvons citer en exemple les écholalies, soit le fait de répéter ce qu’une autre personne vient de dire. Les écholalies sont fréquentes chez tous les enfants. Elles sont alors vues comme un comportement transitoire dans l’apprentissage du langage.

Dans une optique de neurodiversité et d’acceptation, on cherche donc à s’interroger sur les fonctions des écholalies et à comprendre leur implication dans l’apprentissage du langage. Plutôt que de chercher à les éliminer, on les considère comme une forme de communication et on les intègre aux thérapies orthophoniques.

 

Au Centre Mosaïque de Québec, nos orthophonistes militent en faveur de la neurodiversité et pour une meilleure acceptation de l’autisme au sein de la population. C’est toujours avec grand plaisir que nous accueillons les personnes neuroatypiques à la clinique afin de nous impliquer auprès d’elles.

Approuvé par Geneviève Fily-Paré
Diplômée de la maitrise en orthophonie à l’université Laval, Geneviève y a également complété un baccalauréat en Service social.
Geneviève Fily-Paré, M.Sc.O(C) Orthophoniste