Une blessure au cerveau, comme un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un traumatisme craniocérébral (TCC), peut bouleverser bien plus que le langage ou la mémoire. Elle vient souvent affecter en profondeur l’identité, l’humeur et les relations sociales. Après un tel événement, certaines personnes se sentent différentes, plus irritables ou tristes, ce qui les incite à se mettre en retrait. Qui plus est, il est fréquent que ces personnes aient du mal à nommer ce qui ne va pas, bien qu’elles soient conscientes qu’elles ne communiquent plus comme avant. C’est ici que l’orthophonie peut jouer un rôle essentiel.
AVC & TCC : un impact invisible, mais bien réel
Les séquelles des blessures cérébrales ne sont pas toujours visibles. L’entourage remarque parfois des changements d’attitude, des difficultés à exprimer les émotions ou à entrer en relation. Ces bouleversements peuvent découler de multiples facteurs :
- Une atteinte aux régions du cerveau : elles peuvent être directement liées à l’humeur et au comportement (comme le lobe frontal) ;
- Une prise de conscience douloureuse : les pertes de capacités, leurs effets dans le quotidien, la différence par rapport aux autres ;
- Un isolement progressif : il peut être dû aux difficultés à suivre une conversation, à comprendre les sous-entendus ou à trouver les bons mots.
Après un TCC, plusieurs personnes vivent de l’anxiété, de la frustration ou des troubles d’adaptation. Dans le cas d’un AVC, il n’est pas rare que la personne soit plus émotive, ou au contraire, semble indifférente à ce qui l’entoure.
Reconnaître les signes de détresse pour mieux intervenir
Les personnes ayant subi un AVC ou un traumatisme craniocérébral vivent souvent des bouleversements complexes, difficiles à verbaliser. Parfois, la détresse s’installe de façon subtile, entre repli sur soi, fatigue sociale et perte d’intérêt pour les relations. Il est donc crucial que l’entourage, tout comme les intervenants en réadaptation, apprenne à repérer les signes qui méritent une attention particulière.
Voici quelques indicateurs à surveiller :
- Une irritabilité accrue ou des réactions émotionnelles disproportionnées ;
- Des changements d’humeur soudains ou prolongés (tristesse, anxiété, apathie) ;
- Une perte de motivation à parler ou à participer à des conversations ;
- Un isolement progressif, même auprès des proches ;
- Des plaintes vagues, comme « je ne suis plus moi-même », sans pouvoir préciser davantage ;
- Une baisse marquée de l’estime de soi ou de la confiance envers les capacités ;
- Des pensées noires ou défaitistes, même exprimées à demi-mots.
Ces signes ne doivent pas être banalisés. Ils indiquent souvent que la personne a besoin d’un espace sécuritaire pour être entendue, comprise et accompagnée.
L’orthophoniste : une alliée pour la communication et les relations après un AVC ou un TCC
Contrairement à une idée reçue, le travail de l’orthophoniste ne se limite pas à « faire parler » la personne. En fait, l’objectif est de redonner confiance à la personne dans ses capacités de communication, tout en l’aidant à mieux comprendre ses nouvelles limites et à s’outiller pour les contourner.
Lors d’un suivi après un AVC ou un TCC, l’intervention peut viser :
- La communication fonctionnelle : pouvoir exprimer ses besoins, ses opinions, ses émotions au quotidien ;
- La compréhension des composantes pragmatiques de la communication : par exemple les intentions et émotions chez l’autre ;
- La régulation des interactions : quand parler, comment amorcer ou clore une conversation, etc. ;
- La valorisation des forces de la personne : pour reconstruire un sentiment d’efficacité et de confiance.
Mieux se connaître pour mieux interagir
Plusieurs personnes qui consultent en orthophonie après une blessure cérébrale ne savent pas exactement ce qu’elles cherchent. Elles sentent simplement que « quelque chose a changé », que les échanges avec les autres sont plus fatigants ou moins naturels. Dans un cadre bienveillant, l’orthophoniste les aide à :
- Identifier les défis réels : mémoire, attention, langage, émotions, etc.
- Trouver des stratégies concrètes : dans le but de mieux vivre leur quotidien.
- Reprendre leur place : dans leurs relations, leur famille, leur vie sociale.
Quand le cerveau est touché par un accident ou un traumatisme, c’est parfois toute la manière d’entrer en relation avec les autres qui vacille. L’accompagnement orthophonique vise alors à rétablir non seulement des habiletés linguistiques, mais aussi une connexion humaine, essentielle au mieux-être. Si vous ou un proche vivez avec les séquelles d’un AVC ou d’un TCC, sachez qu’il existe des ressources pour vous aider à mieux communiquer et à vous sentir mieux.

Approuvé par Geneviève Fily-Paré